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PUBLIÉ LE 26/09/2025
Le marché automobile calédonien ne s’est pas remis des émeutes de 2024, tombant à 4.000 VN contre 8.500 auparavant. Frédéric Posez, DG du groupe Cars Pentecost Holding (CPH), pesant 25% du marché, nous explique comment il traverse cette crise.
Lors des émeutes de printemps 2024, la Nouvelle Calédonie a été endeuillée par la mort de 14personnes et a subi des milliards d’euros de dégâts matériels. »
En tout, près de 5.000 voitures sur le territoire ont été détruites par le feu, soit l’équivalent d’une année de vente », constate Frédéric Posez, directeur général de Cars Pentecost Holding (CPH), la filiale automobile du groupe Pentecost.
» Pour notre part, nous avons perdu 300 voitures dans des incendies qui ont aussi touché un de nos centres d’entretien rapide, un centre VO et des bureaux de notre village automobile. Nous avons rapidement renforcé les barrières physiques et embauché des vigiles et développé la vidéosurveillance pour protéger nos concessions, dispositif qui est toujours en place aujourd’hui « , explique-t-il.
La présence des forces de l’ordre sur le Caillou est aussi restée importante : aujourd’hui, une vingtaine d’escadrons de gendarmerie mobile sont encore présents (contre 5 ou 6 le 13 mai2024 et 36 au plus fort des émeutes en juin/juillet 2024).
La destruction d’une partie du parc n’a pas généré de relance des ventes d’automobiles : »Le VO se maintient autour de 2.000 ventes/mois mais le VN est tombé à 300 ventes/mois, contre 600 avant les émeutes de 2024 et 800 en 2023. Sur l’année, le marché est ainsi passé de 8.500 VN en 2023 à 4.000 en 2024 et il ne fera guère mieux cette année car le climat économique et social reste morose et la situation politique incertaine », dit-il.
De nombreuses entreprises, notamment dans le BTP, ont déposé le bilan et près de 10.000 personnes sont retournés en métropole, » surtout du secteur tertiaire, des comptables, des médecins qui sont en pénurie aujourd’hui et qui étaient en outre des acheteurs de VN. Dans notre secteur, les peintres et chefs d’atelier se font rares et doivent souvent être recrutés en métropole « , décrit le dirigeant.
L’après-vente, et notamment la carrosserie – avec les nombreux véhicules endommagés qu’il faut réparer – a mieux résisté à la crise. Néanmoins, le groupe a dû se séparer d’une cinquantaine de salariés, pour en compter désormais 192. »
Nous aurions supprimé 50 à 60postes supplémentaires sans une négociation constructive avec les syndicats qui a permis de réduire les rémunérations variables, de 10 à 50% selon les profils, et les avantages (13ème mois, bonus, ticket restaurant, carte carburant). Ils seront remis en place dès que notre résultat financier repassera en positif « , explique-t-il.
Le plus dur pour CPH est de maintenir son niveau de trésorerie :
» Nous vendons essentiellement sur stock. Or, de 3 mois habituellement, nous sommes passés à un plus d’un an sur certaines marques. Nous avons coupé les approvisionnements et nous faisons de fortes remises. Nous continuons à investir en communication et nous allons davantage en prospection sur le terrain, c’est un retour aux fondamentaux », explique-t-il.
Le groupe dispose de délais de paiement de l’ordre de 3 mois mais les temps de trajets (3-4mois des Etats-Unis, 2 mois d’Europe et 1 mois de Chine ou du Japon) consomment cette période de portage gratuit.
« D’un autre côté, nous coupons les charges ligne à ligne au maximum de ce qui est possible de faire « , souligne le dirigeant.
La forte présence de fonctionnaires (qui pèsent 20% du PIB), une population à salaires élevés sauve le marché de la catastrophe. Les modèles hybrides ou électriques bénéficient d’une TGC (équivalent de la TVA) à 3% contre 22% pour les thermiques, ce qui soutient aussi le marché. Mais l’électrique ne pèse encore que 3% du marché VN. » Nous sommes un marché à l’australienne, avec beaucoup de pick-up et de 4×4. Subaru, Chevrolet ou Great Wall Motors, avec des modèles thermiques, sont performants chez nous « , dit-il.
Frédéric Posez est arrivé chez Cars Pentecost Holding en 2023. » Cela faisait 6 ans que j’étais à Dubaï, en charge du marketing, du produit et de la performance commerciale chez Nissan sur 84pays (Afrique, Australie, Inde, Turquie, Moyen Orient, etc…). J’avais envie de passer du côté réseau, expérience que je n’avais fait qu’effleurer quand j’étais chef de région Sud-Ouest chez Renault en2000 « , raconte-t-il.
Avec environ 25% du marché, CPH est le second acteur calédonien derrière Jeandot (35%) etdevant GBH (15%) et la Siap (15%). Il distribue des marques automobiles (Peugeot, Citroën, DS, Subaru, Mercedes, BMW, Mini, Isuzu, Greatwall, Haval) mais aussi des camions et bus (MAN, Mercedes, Yutong, Isuzu) et engins (JCB). Avec un chiffre d’affaires de l’ordre de plus de 100 millions d’euros, il pèse 40% à 50% de l’activité du groupe Pentecost qui est également présent dans la grande distribution (Carrefour, Discount, Gifi), le nickel, les crevettes, le tabac…
Par Xavier CHAMPAGNE – Chef de Rubrique de AUTOACTU.COM – Le 15 septembre 2025
Comment le groupe Pentecost traverse la crise du marché calédonien| autoactu.com